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Vitamine D et prévention des infections

 

Dans le passé, sans le savoir, on utilisait le pouvoir de la vitamine D. Par exemple dans le cas de la tuberculose, on envoyait les malades dans des sanatoriums et une partie du traitement consistait à les exposer au soleil. A l’époque on pensait que le soleil tuait directement la bactérie. On donnait aussi de l’huile de foie de morue. Il est fort possible que ces mesures aient activé ce lien entre vitamine D et immunité.

Nous avons des études observationnelles qui montrent une corrélation entre un taux sanguin de vitamine D bas et la susceptibilité aux infections. Et ça ne date pas d’hier ces donnés-là.

Par exemple, nous avons une étude dans laquelle on a suivi 19 000 personnes de 1988 à 1994. Les personnes avec le taux de vitamine D le plus bas, inférieur à 30 ng/ml attrapaient plus d’infections hivernales que ceux qui avaient un taux plus élevé.

Et je vous rassure, nous avons des études plus récentes, on va parler d’études spécifiques au COVID une fois qu’on aura fini avec la partie physiologique.

 

Activateur de l'immunité

 

Dans les poumons, nous avons des cellules qui tapissent l’intérieur des alvéoles pulmonaires. C’est au travers de ces cellules qu’un virus comme le COVID va pénétrer. Sur la surface de ces tissus respiratoires, vous avez des macrophages qui patrouillent. Ce sont de gros globules blancs qui ont la capacité de repérer les pathogènes, de les englober et de les détruire. On appelle ce processus la phagocytose.

Afin de reconnaître un intrus et faire son travail, le macrophage a besoin de vitamine D. Par exemple, la vitamine D permet au macrophage de relâcher certaines substances qui vont perturber le fonctionnement d’un virus ou d’une bactérie. Certaines substances vont venir littéralement percer un trou dans l’enveloppe du virus pour le détruire. Et il faut donc que le virus soit enveloppé pour que ça fonctionne, ce qui est le cas du COVID.

S’il n’y a pas assez de vitamine D en circulation, les macrophages ne peuvent pas faire ce travail.

La vitamine D va permettre aux macrophages de sécréter des substances inflammatoires qui vont appeler d’autres globules blancs, les neutrophiles, pour venir en aide aux macrophages. La vitamine D va activer les lymphocytes B et les lymphocytes T.

Les lymphocytes B vont fabriquer des anticorps lorsqu’ils ont reconnu l’intrus. Les lymphocytes T détruisent les cellules infectées. Et il y a toute une orchestration très complexe qui se déroule. La vitamine D est essentielle pour tous ces processus. Imaginez ces globules blancs qui ont un récepteur à la vitamine D, comme un interrupteur, et qui sont activés grâce à la vitamine D.

 

Orage cytokinique

 

Parfois, le système immunitaire s’emballe. Dans le cas du COVID, vous avez peut-être entendu parler de l’orage cytokinique, qui décrit un processus d'un cercle vicieux avec les globules blancs qui produisent de plus en plus de substances inflammatoires, qui fait qu’un organe comme les poumons se trouve complètement débordé, en état d’hyperinflammation, ce qui va créer beaucoup de lésions pulmonaires.

Tout le processus de coagulation s’emballe ce qui entraine la formation de caillots. Les poumons sont remplis de liquide. C’est assez terrible, cela entraine une insuffisance respiratoire qui peut dans le pire des cas mener à la mort.

Tout ceci et orchestré par différentes substances qu’on appelle des cytokines, qui sont des messagers qui permettent à la réponse inflammatoire de se dérouler. Il y a plusieurs types de cytokines, les interleukines par exemple.

Il y a des interleukines qui sont très inflammatoires, comme les interleukines 1 et 6. D’ailleurs, on a donné à certains patients qui traversent cet orage cytokinique du COVID des inhibiteurs de l’interleukine 6, ce n’est pas pour rien. D’autres interleukines sont beaucoup moins inflammatoires.

La vitamine D permet de stimuler la production des interleukines qui sont moins inflammatoires, et permet de tempérer la production des interleukines qui sont très inflammatoires comme l’interleukine 6. Au final, tout ceci fait que la vitamine D permet d’avoir une réponse inflammatoire plus équilibrée, plus modérée.

 

Vitamine D et immunité : une action globale

 

Donc vous voyez, elle a une action sur quasiment tous les processus du système immunitaire.

Elle agit sur l’immunité innée, celle qui sert de premier bouclier.

Elle agit sur l’immunité acquise, celle qui se souvient des infections précédentes et qui permet de produire des anticorps pour régler le problème plus rapidement.

Et elle agit sur toute la cascade inflammatoire pour s’assurer qu’on ne tombe pas dans des excès.

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